Suivi des populations de Corbs et de Mérous

Les eaux monégasques cachent une biodiversité marine étonnante et accueillent des espèces remarquables dont certaines à haute valeur patrimoniale. Parmi elles, le mérou brun (Epinephelus marginatus) et le corb (Sciaena umbra), qui font l’objet de réglementations spécifiques contribuant à leur protection.

Le mérou brun est une espèce emblématique de la Méditerranée. Il vit principalement sur les fonds rocheux riches en cavités. Ses caractéristiques biologiques le rendent vulnérable aux pressions de la pêche :
• son habitat : peu profond, accessible et fréquenté par les activités humaines ;
• son comportement : fidèle à un site, calme, curieux et placide ;
• son comportement reproductif : âge de reproduction tardif, hermaphrodisme successif, dépendance à la densité d’individus ;
• son recrutement : peu abondant avec peu de juvéniles ;
• sa croissance particulièrement lente ;
• sa structure démographique : faible renouvellement des populations.
En conséquence, cette espèce a été confrontée à un déclin en Méditerranée et a été classée comme « espèce en danger » par l'UICN.

Le corb possède également une attractivité et une vulnérabilité fortes. Il se rencontre habituellement dans les eaux côtières peu profondes où il vit le plus souvent en petits groupes sédentaires. Il privilégie des habitats tels que les fonds rocheux, sableux et les herbiers de posidonies. Durant la journée, ses abris privilégiés peuvent être des grottes, des crevasses ou à l’abri d’un rocher. A l'instar du mérou brun, les traits de vie du corb (longévité, croissance lente et haut niveau trophique), son habitat très accessible et son comportement (nage calme, comportement d’agrégation, accessibilité) ont poussé l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à classer le corb comme « espèce vulnérable ».

Mérou brun et corb figurent à l'annexe III de la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel d'Europe (Convention de Berne, 1977) et à l'annexe III de la convention pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée (Convention de Barcelone).

Depuis de nombreuses années, des inventaires des populations de mérou sont réalisés le long du littoral monégasque par le Groupe d’Etude du Mérou (GEM). Initiés par l’AMPN en 1995, les inventaires du GEM sont désormais réalisés tous les 3 ans à la demande de la Direction de l’Environnement au sein de l’AMP du Larvotto ainsi que sur le reste du littoral monégasque.

En complément du GEM, un suivi a été initié par l’AMPN en 2018 selon un protocole standardisé permettant de mesurer certains indicateurs de l’état de santé des peuplements tels que la densité et la biomasse de poissons. La méthode consiste en la réalisation de comptages visuels des abondances et des tailles des individus observés le long d’un transect, fixé dans cette étude à 25 m de longueur et 5 m de largeur (ce qui correspond à une surface explorée de 125 m² par transect). Pour chacun des sites, 6 répliquats sont réalisés entre 10 et 15 m de profondeur sur un habitat comparable constitué d’enrochements. Deux campagnes annuelles sont organisées, une au mois de juin avant la saison estivale et une seconde au mois de septembre après la saison estivale.

Les premiers suivis selon ce protocole ont été réalisés en 2018 par le Professeur Patrice Francour de l'Université Côte-d'Azur au niveau du Musée Océanographique de Monaco, entre la pointe Saint-Martin et la plage des pêcheurs. Ils sont poursuivis depuis 2019 par Thalassa Marine Research & Environmental Awareness qui a complété l’étude par un second site situé au niveau des enrochements de la digue du Sporting, à l’intérieur de l’AMP du Larvotto.